Les communs c’est quoi

L’esprit des communs, c’est de reprendre le pouvoir sur les choses de la vie et de la ville.  C’est croire en notre capacité d’agir ici et maintenant, pour une ville faite par et pour ses habitant·e·s.  Il s’agit d’inventer une voie alternative entre une gestion privée qui met tout en compétition et une administration publique bureaucratique qui veut tout contrôler.

Créer du commun, c’est vouloir faire des choix sur ce qui se passe dans notre rue, dans notre quartier et dans notre ville. C’est vouloir prendre soin nous-mêmes des parties de notre ville qui nous tiennent à coeur et avoir notre mot à dire sur leur destin. C’est vouloir instituer nos propres règles, ensemble, en remettant du collectif et de la vie dans notre ville avec toutes celles et tous ceux dont la voix n’est plus considérée. Nous voulons être des communautés de coproductrices et de coproducteurs, pas seulement de consommateurs.

En somme, le commun est fondé par une idée simple : ce sont celles et ceux qui ont l’usage de quelque chose qui doivent décider de ce qu’il est.

Ni public, ni privé

Nous avons l’habitude de raisonner en termes de propriété privée ou publique, ou plutôt étatique.

Dans les deux cas, notre pouvoir d’action sur les propriétés publique et privée est très limité.

Quel pouvoir avons-nous réellement sur les institutions aujourd’hui ? Et quel pouvoir avons-nous sur la SNCF ? Ne sommes-nous pas de simples consommatrices et consommateurs de services publics ?

Les communs sortent de la dualité public/privé. Plutôt que de dépendre d’un propriétaire privé ou d’une administration publique, ils dépendent d’un collectif.  

et concrètement ?

Les communs se construisent autour d’un objet, d’un projet, d’un espace, matériel ou immatériel, dont une communauté prend soin et, parce qu’elle en prend soin, elle en détient la propriété. Contrairement à la propriété privée ou publique, la propriété communale est non-exclusive : personne ne peut s’approprier le commun, l’utiliser pour son unique intérêt et l’aliéner. Les personnes pouvant prendre des décisions concernant le commun sont celles et ceux qui en prennent soin. Ces communautés doivent être ouvertes et fonctionner sur une base égalitaire pour que l’on parle de commun.

Les communs peuvent ainsi être des terres, un champ (les “communaux”), une forêt, un moulin. Les communs urbains peuvent être par exemple un café, une friche, un parc, un square ou un potager. Les communs peuvent être également immatériels : une encyclopédie en ligne, un logiciel libre, une bibliothèque en ligne.

les ingrédients d’un commun

1 – Quelque chose : un objet, une ressource, des pratiques, une idée. Tout peut être mis en commun, partiellement ou totalement

2 – Une communauté, un groupe de gens identifiés, qu’on peut rejoindre pour participer au commun

3 – Se regrouper pour prendre soin de cette chose

4 – Partager équitablement les fruits du commun

5 – Inclure les usages non exclusifs : toutes les personnes qui souhaitent participer au groupe pour prendre soin de quelque chose et en partager équitablement les fruits sont les bienvenues

6 – Pas de propriété exclusive, personne ne peut dire « c’est à moi » ou « c’est à nous, on décide »

7 – Un auto-gouvernement démocratique : des liens existent avec la sphère publique ou privée ou d’autres communs mais chaque commun s’organise selon ses propres règles pour prendre soin et partager