8 mars : journée internationale des droits des femmes

1910, lors de la IIe conférence de l’Internationale des femmes socialistes, Clara Zetkin, enseignante, journaliste et femme politique allemande propose de célébrer une “Journée Internationale des Femmes”. Il faudra attendre 1977 pour que l’ONU officialise la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars.

Mais ce n’est qu’en 1982 qu’elle est officialisée en France.

 

Et depuis… On trouve des bons de réduction sur de l’électroménager chaque 8 mars alors que 100 % des femmes sont harcelées dans les transports publics en France. Le travail est loin d’être terminé !

98% des agresseurs sont des hommes, Il y a cette violence systémique, cette domination patriarcale, cette culture du viol qui permet de blamer les victimes dans une communication institutionnelle (cf les nudes selon la Police Nationale) et qui favorise la nomination d’hommes auteurs d’agressions sexuelles, aux César comme au gouvernement.

C’est ce contexte qui donne naissance aux violences quotidiennes qui passent encore trop souvent pour des accidents et des faits divers. Seulement 1% des violeurs sont condamnés, une femme meurt tous les trois jours en France des violences de son compagnon ou ex-compagnon. Les exemples de harcèlement, les histoires d’agressions, les témoignages médiatisés ne sont que la phase émergée de l’iceberg. La plupart des violences contre les femmes se passent dans les espaces privés, dans la famille, les cercles amicaux, dans les milieux universitaires, à l’école, dans les sphères professionnelles. La parole serait en train de se libérer. Mais une parole perpétuellement dévalorisée, relativisée et mise en doute.

Pour nous réapproprier l’espace public comme l’espace symbolique, nous devons continuer à témoigner. Nous devons nous mobiliser, nous organiser et apprendre à riposter. Tant qu’il le faudra

Utiliser les transports en commun en soirée : témoignage de Fanny, 30 ans, tram 2 à 23h30

Lors d’une soirée fort sympathique et en bonne compagnie, tout proche de l’arrêt de tram Morrhonnière, l’heure du retour approchait. Comme à mon habitude je dégainais mon fidèle compagnon de ces instants cruciaux :  l’application TAN, avec, toujours en arrière pensée celle d’avoir le moins de temps à passer seule à attendre mon carrosse d’un soir.

Réflexe urbain, je m’assieds dans la première voiture, de sorte à être à portée de vue du conducteur, dans son rétroviseur. Je pensais qu’il n’y avait personne d’autre, mais à peine mon siège choisi je compris que mon envie avait surpassé la réalité. Un homme venait de s’asseoir en même temps que moi, juste en face. Il m’a salué et m’a demandé comment ça allait. Je lui ai répondu “Ça va”, du ton le plus cinglant possible tout en me plongeant à  nouveau dans la vidéo que j’étais en train de regarder, écouteurs aux oreilles. Il a tenté d’autres interactions avant de descendre un peu après St-Mihiel (et en me faisant salut de la main avec large sourire une fois sur les quais). Entre-temps, une équipe de prévention TAN est montée. J’ai senti que je commençais enfin à me détendre. Répit qui fut de courte durée. Une des personnes composant cette équipe est venue me parler lorsque nous arrivions à Place du Cirque. Il a commencé en me disant, en substance, quelque chose du genre “Je ne sais pas si vous savez mais il est plus de 23h30 et, passé cette heure, il y a moins de monde et ça craint” avant d’enchaîner en me demandant où je descendais. Je lui répondu “Pirmil”, il m’informe alors que lui et son équipe s’arrêtent à Commerce, puis il conclut en me partageant “Habillée comme vous êtes et avec votre téléphone, vous êtes une proie facile”.

Je n’étais déjà pas la plus sereine du monde mais je ne m’attendais pas à me sentir encore plus mal après un échange avec l’équipe de prévention qui, d’ordinaire, me rassure. Du moins, tant qu’on ne se parle pas.

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En expérience chouette, un soir je rentrais sur Dalby et une femme, accompagnée d’un homme, à commencé à marcher à ma hauteur et à mon rythme. Au début ça m’a perturbée, puis elle m’a salué, m’a demandé comment j’allais et m’a proposé qu’on chemine ensemble pour faire la route de manière plus rassurante : )

J’ai trouvé ça hyper chouette ! Elle m’a dit qu’elle faisait souvent ça et que c’était un bon moyen de se soutenir : )

Rentrer du travail de nuit, en vélo : témoignage de Mathilde, 33 ans

“Il y a plusieurs mois, quand je travaillais de nuit (je finissais à 3-4h du matin), je pars du taf quartier Madeleine / Cité des Congrès en vélo. J’ai un trajet de 5-10 minutes max’ pour rentrer. Je suis pas du tout méfiante car depuis mon arrivée à Nantes, je n’ai jamais aucun souci la nuit en vélo (“je trace, je m’arrête pas au feu, j’ai jamais de problème” : discours que je tenais à ma collègue ce soir-là car elle me racontait que quand elle travaillait de nuit, elle prenait sa voiture en intra-Nantes et plus le tram car elle en avait trop marre du harcèlement dans les transports). Mais cette nuit-là, une voiture me suit et me passe devant pour me barrer le passage, une première fois, n’ouvre pas la vitre, qui est teintée. Angoisse absolue, je comprends rien, je suis énervée, je descends de mon VTT, monte sur le terre-plein central avec mon vélo pour me dégager de la chaussée où la voiture me bloque le passage. Jje repars, et la voiture refait la même chose un peu plus loin. Finalement, j’arrive à changer de trajet, en paniquant un peu. J’arrive à retrouver mes esprits et à prendre un sens interdit pour m’en débarrasser. Je fais un détour, je sprinte comme une dingue, avec la peur au ventre qu’elle me retrouve, la voiture mystère avec les vitres teintées… nuit horrible ensuite, cauchemars, et je ne suis plus jamais confiante quand je pédale la nuit dans Nantes depuis ce jour-là.

 

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Et un positif, quand même ?
Je sortais du taf, Cité des Congrès, 4 ou 5h du mat, en vélo, et je vois une fille en train de pleurer, de se faire crier dessus par un gars, avec un autre mec à côté qui a l’air passif. Je la vois traverser pour fuir les 2 gars, je pédale vers elle et je lui demande si elle veut que je marche un peu avec elle. Elle hésite. Je lui dis que je suis pas pressée, que ça me dérange pas. Elle me dit “non non t’inquiète c’est mon mec, il est bourré, je rentre avec eux t’façon” et elle me raconte qu’elle est censée aller dormir chez le pote, avec son mec, et qu’elle a pas le choix car sinon elle habite à Pont Rousseau et c’est trop loin, qu’elle aime pas faire ça toute seule. Je lui propose de la raccompagner chez elle, au début elle est pas chaude, mais finalement, on arrive à semer les gars, et je la raccompagne à pied jusqu’à chez ses parents. Sur le chemin : de chouettes discussions sur les problèmes de couple, comment elle peut se défendre, et sur ce qu’elle a envie de faire pour arranger la situation, avec lui, ou sans lui quand elle trouvera la force. On échange nos téléphones et on rentre chez nous !”

Se balader dans une rue avec des bars : témoignage de Loup, 34 ans, genderfluid

Ayant vécu la majeure de mon temps à Bordeaux et à Paris, j’étais plutôt familier avec le harcèlement de rue. Puis, j’ai vécu à La Rochelle durant 6 mois, chouette parenthèse sans subir de relous. Quand j’ai débarqué à Nantes, il y a un an, dès le premier mois, j’ai eu le droit à du comique de répétition. En passant par la petite rue des bars dont Le Chat Noir, j’ai d’abord été interpellé par un premier groupe de gars puis quelques mètre après par un autre groupe et cerise sur le gâteau, en passant devant la terrasse du Chat Noir, un mec m’a hélé pour prendre une bière avec lui. Et tout cela malgré mon look « gouine Queshua ».

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